Summertime

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à vous qui écoutez ce tout premier épisode de Version Standard.

Pour commencer cette émission il me fallait un standard ultime, une chanson capable de traverser les années et les genres sans limites. On commence donc par une valeur sûre : Summertime. Dans cet épisode, on retrouve six versions pour entendre comment des artistes des tous les horizons se sont réappropriés ce morceau.

A l’origine, Summertime a été écrit en 1935 par George Gershwin, compositeur américain à la croisée du classique et du jazz. Summertime est en fait l’air d’une berceuse tiré d’un de ces chefs d’œuvres : son opéra Jazz intitulé « Porgy & Bess ».

Avec Louis Armstrong et Ella Fitzgerald, on a entendu toute la classe de Summertime. Avec Janis Joplin, la passion débridée, avec James Brown et Martha High, la sensualité. Et avec Miles Davis et Kenny Garrett, la liberté d’improvisation laissée par le morceau. La dernière version permet de ressentir toute la puissance du groove de Summertime grâce à la version d’Angélique Kidjo à la croisée des genres et des époques.

La playlist de l’émission :

  1. Louis Armstrong & Ella Fitzgerald – Porgy & Bess, 1957
  2. Janis Joplin – Live At Woodstock, 1969
  3. Charlie Parker – Parker With Strings, 1958
  4. James Brown & Martha High – 1977
  5. John Coltrane – My Favorite Things, 1961
  6. Angélique Kidjo – Spirit Rising, 2012

Vous pouvez réécouter la playlist avec des versions bonus sur Soundsgood :

Retranscription de l’episode 1 : Summertime

Bonjour à toutes et à tous, très heureux de lancer ce tout premier épisode. Vous écoutez Version Standard, épisode 1 : Summertime. Pour commencer cette émission il me fallait un standard ultime, une chanson capable de traverser les années et les genres sans limites. C’est pourquoi je commence avec Summertime, une valeur sûre. Je vais vous en diffuser six versions différentes pour vous faire entendre comment des artistes des tous les horizons se sont réappropriés ce morceau. Au programme aujourd’hui : Ella Fitzgerald, Janis Joplin ou encore Charlie Parker.

A l’origine, Summertime a été écrit en 1935 par George Gershwin, compositeur américain à la croisée du classique et du jazz. Summertime est en fait l’air d’une berceuse tiré d’un de ces chefs d’œuvres : son opéra Jazz intitulé « Porgy & Bess ».

Lors de cette première écoute, on va d’abord entendre la fameuse tierce majeure de la mélodie lancée par le cor, comme un appel pour l’orchestre à dérouler son tapis harmonique toute en subtilité et en équilibre. Puis le thème va faire son apparition en grande pompe, scandé par la trompette de Louis Armstrong, qui respire sans complexe le jazz de la nouvelle-Orléans. Avec la grande Ella Fitzgerald au chant, ce duo mythique nous fait immédiatement ressentir toute la tension jazz qui est contenue dans Summertime.

Ella Fitzgerald & Louis Armstrong – Porgy & Bess, 1957

Deux stars immenses et un arrangement magnifique pour sublimer la composition de George Gerschwin. Il était à New York pour composer Porgy & Bess, hébergée par une amie proche. Celle-ci racontait qu’une fois, alors qu’elle rentrait chez elle tard d’un dîner, elle a retrouvé George Gershwin sur le piano, et il lui a tout de suite dit « assis-toi, je crois que j’ai trouvé la berceuse… ». Alors il lui a chanté de sa voix hésitante et haut-perchée ce qui allait devenir Summertime, et elle a immédiatement fondu en larmes. Elle raconte qu’elle a tout de suite compris que cette chanson allait faire le tour du monde.

Summertime c’est un texte tout simple, à qui Gerschwin a donné une structure harmonique épurée : seize mesures d’enchaînements d’accords très communs. Comme tous les bons standards, est une chanson peu contraignante, elle se plie facilement au bon vouloir de ses nombreux interprètes, et ce dans tous les genres. On va le voir maintenant avec une version complètement opposée à la première écoute.

Nous sommes le 16 août 1969, nous voilà à Woodstock, et sur scène il y a Janis Joplin. Elle livre une performance incroyable sur un décor très rock psychédélique pour soutenir toute la puissance de sa voix. Voici la version de Summertime par Janis Joplin :

Janis Joplin – Live at Woodstock, 1969

Charlie Parker – Parker With Strings, 1958

Encore un arrangement pour orchestre incroyable pour Bird, le saxophoniste Charlie Parker. En fait, cette version devrait vous rappeler la première puisque c’est le même producteur qui se cache derrière, Norman Granz. On reconnaît bien dans l’orchestration la folie des grandeurs de sa maison de disque, Verve Records, gigantesque machine à jazz depuis les années 50. Un an après l’enregistrement de Porgy & Bess par Louis Armstrong & Ella Fitzgerald, Norman Granz s’attaque à un autre projet titanesque : donner au génial Charlie Parker un orchestre entier.

Version suivante, dans un tout autre style. On va basculer dans la soul sensuelle prêchée par son empereur en personne : James Brown. Il s’est lui aussi emparé de Summertime et également en duo. En fait, plus qu’un duo, c’est un dialogue, un échange avec Martha High, celle qui a chanté aux côtés de James Brown pendant plus de 35 ans. La proximité entre les deux voix que vous allez entendre n’est pas artificielle. Martha High a vu grandir James Brown, elle a vu naître la Soul. Deux voix magnifiques parlent de l’amour et du beau temps sur Summertime, voici James Brown et Martha High.

James Brown & Martha High

Miles Davis & Quincy Jones – Miles & Quincy Live at Montreux, 1991

C’était Miles Davis, peut-être le trompettiste qui a le plus marqué l’histoire du jazz. Dans ce concert exceptionnel enregistré à Montreux en 1991, Miles Davis revient avec Quincy Jones sur les moments forts de sa très longue carrière, notamment sur son enregistrement de Porgy & Bess. Ce concert était la dernière apparition sur scène du génial Miles Davis. Pour l’occasion, quelques-uns de ces anciens collaborateurs étaient invités. La plupart d’entre eux ont vu leur carrière décoller grâce à Miles Davis. C’est le cas de Kenny Garrett, le saxophoniste que l’on vient d’entendre improviser.

Miles Davis et Kenny Garrett en concert en 1988.

Il me reste encore une dernière version de Summertime à vous faire écouter. Avec Louis Armstrong et Ella Fitzgerald, on a entendu toute la classe de Summertime. Avec Janis Joplin, la passion débridée. Avec James Brown et Martha High, la sensualité. Et avec Miles Davis et Kenny Garrett, la liberté d’improvisation laissée par le morceau. Il nous manque encore un ingrédient de Summertime, que vous avez pu percevoir déjà mais qui est exacerbé par cette dernière version : le groove. La diva béninoise Angélique Kidjo fait groover Summertime comme personne en appuyant fort sur l’alternance des deux premiers accords, martelés par sa voix grave, comme des battements de chœurs.

On va terminer avec elle ce premier épisode. J’espère qu’il vous a plu, et si c’est le cas je vais avoir besoin de vous ! Pensez à vous abonner à Version Standard, que ce soit sur iTunes, toutes les applications de podcast ou sur les réseaux sociaux, faites savoir que vous aimez Version Standard. C’est grâce à votre soutien que ce podcast pourra durer.

Je vous laisse maintenant avec Angélique Kidjo et sa version de Summertime à la croisée des genres et des époques, et je vous donne rendez-vous pour le prochain épisode !

C’était Version Standard, à très bientôt.

Angélique Kidjo – Spirit Rising, 2012