Au cœur d’un contexte mouvant, le marché des véhicules d’occasion affiche un ralentissement inattendu. Après un été plutôt dynamique, septembre a marqué un coup d’arrêt, rappelant la fragilité de la demande et la sensibilité des prix.
Situation actuelle
En septembre, 409 846 transactions ont été enregistrées, soit une baisse de 2,8 % par rapport à l’an passé. Le rebond observé durant trois mois consécutifs cède la place à une accalmie.
Le marché demeure toutefois actif, soutenu par une offre relativement large. Mais l’écart entre prix affichés et budget des ménages continue d’entraver la rotation des stocks.
Tendances depuis le début d’année
Sur les neuf premiers mois de 2023, le bilan reste négatif. Au total, 3 844 678 véhicules ont changé de mains, en recul de 2,5 %.
Cette contraction n’est pas homogène selon les marques, certaines subissant plus fortement la pression que d’autres.
- En recul: Peugeot (-3 %), Renault (-3,4 %), Ford (-4,5 %), Nissan (-4,9 %), Audi (-5,7 %), DS Automobiles (-5,8 %), Mini (-7,6 %), Opel (-8,6 %), Seat (-9,1 %), Fiat (-10,3 %).
- En hausse: Toyota (+2,8 %), Škoda (+5 %), Dacia (+8,1 %).
Ces chiffres illustrent un basculement progressif des préférences, avec un attrait croissant pour les valeurs jugées robustes et pour des coûts d’usage modérés.
Pourquoi le ralentissement?
Le principal frein reste le niveau encore élevé des prix, malgré quelques ajustements récents. L’élasticité de la demande s’affirme: au-delà d’un seuil, les acheteurs temporisent.
Par ailleurs, l’offre de modèles hybrides et électriques demeure inférieure aux attentes. La rareté de ces motorisations maintient des valorisations hautement sélectives.
La confiance des consommateurs, chahutée par l’inflation et des coûts de financement moins favorables, pèse aussi sur la décision d’achat.
Les gagnants du moment
Les marques qui conjuguent fiabilité perçue, simplicité d’usage et coûts contenus tirent leur épingle du jeu. C’est le cas de Toyota, Škoda et Dacia.
Leur proposition de valeur s’aligne avec les attentes: sobriété, entretien maîtrisé, et bonnes cotes à la revente. Un triptyque qui rassure les acheteurs prudents.
« Le marché de l’occasion avance au rythme des prix et de la confiance: quand l’un se tend, l’autre s’éloigne. »
Ce que recherchent les acheteurs
La performance énergétique et le coût total de possession priment sur la puissance ou les équipements secondaires. Les arbitrages se font au centime près.
Les véhicules compacts, bien entretenus, avec historique clair et kilométrage contenu, restent les plus liquides. Les finitions suréquipées subissent une sélection plus forte.
Segments et motorisations
Sur l’électrifié, la demande est réelle mais contrainte par l’offre. Faible disponibilité et prix encore tendus ralentissent la massification des hybrides et électriques.
Le diesel garde une niche solide sur longs trajets, mais l’essence moderne et l’hybride léger gagnent en pertinence pour l’urbain et la périurbain.
Impacts pour les distributeurs
La rotation des stocks impose une discipline de pricing plus fine et une sélection rigoureuse des reprises. La transparence sur l’historique devient un argument décisif.
Les acteurs qui renforcent l’omnicanal, optimisent les process d’estimation et soignent l’expérience de livraison conservent une longueur d’avance.
Conseils pratiques aux acheteurs
- Comparer le coût total de possession: prix, assurance, carburant, entretien, fiscalité.
- Favoriser les historiques documentés et les contrôles indépendants.
- Cibler les modèles à forte liquidité, gages de valeur de revente.
- Tester la compatibilité avec les usages réels: trajets, stationnement, recharge éventuelle.
- Négocier avec des données objectives: cotes, frais à prévoir, anomalies constatées.
Risques et points de vigilance
Les véhicules importés sans traçabilité claire ou kilométrage incertain exposent à des frais cachés. Mieux vaut privilégier des canaux fiables.
La tentation du “bon plan” peut coûter cher si l’on néglige l’expertise, le contrôle de pollution, et les rappels constructeur.
Perspectives à court terme
Si les prix continuent une normalisation progressive et que l’offre s’équilibre en hybrides et électriques, un regain de dynamique est envisageable.
La clé résidera dans la confiance et l’ajustement des valorisations. Un marché mieux ajusté peut retrouver un rythme de croisière.
En synthèse
Le marché de l’occasion traverse une phase de rééquilibrage. La pression sur les prix, la rareté de certaines motorisations et la sélectivité des acheteurs redessinent les hiérarchies.
Pour tirer parti de cette transition, il faut allier prudence méthodique, information fiable et focalisation sur le coût total de possession. Les marques qui s’y adaptent gagnent déjà en parts de marché.
