Scène inattendue ce week-end sur la côte d’Opale : plusieurs promeneurs ont eu la surprise de découvrir un groupe de phoques étendus paisiblement sur le sable, profitant du soleil d’automne. L’observation, rare à cette période de l’année, a suscité la curiosité et l’émerveillement des habitants du Pas-de-Calais, habitués à des visiteurs bien différents sur leurs plages.
« Je me promenais avec mes enfants quand j’ai aperçu quelque chose bouger au loin.
En m’approchant, j’ai cru voir des rochers, mais c’étaient bien des phoques ! »,
raconte Sophie, une habitante de Wissant encore émue par la scène.
Une apparition spectaculaire sur la côte d’Opale
L’observation a eu lieu sur la plage entre Audresselles et Ambleteuse, un secteur connu pour sa biodiversité mais où la présence de phoques reste exceptionnelle hors saison estivale. D’après les témoignages recueillis, une dizaine d’individus auraient été aperçus, se reposant sur la plage à marée basse.
Certains passants ont pu capturer des images spectaculaires montrant les animaux allongés, se tournant parfois vers la mer ou jouant entre eux avant de replonger lentement dans l’eau. Les photos ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, provoquant un véritable engouement local.
Les spécialistes confirment
Selon les naturalistes de l’association CMNF (Coordination Mammalogique du Nord de la France), ces observations ne sont pas un hasard. Depuis plusieurs années, les colonies de phoques gris et veaux-marins progressent le long de la Manche, notamment dans les estuaires et zones protégées.
« Les phoques trouvent ici des conditions idéales : plages calmes, marées régulières et abondance de poissons »,
explique Éric Lesage, biologiste marin basé à Boulogne-sur-Mer.
« C’est le signe d’un écosystème qui se porte plutôt bien. »
Ces mammifères marins utilisent les bancs de sable comme zones de repos et de reproduction. Ils y remontent pour se sécher, se réchauffer et se reposer entre deux phases de chasse.
Une espèce protégée mais vulnérable
Les phoques gris et veaux-marins sont des espèces protégées en France depuis 1972. Leur population, autrefois en déclin à cause de la chasse et de la pollution, connaît aujourd’hui une lente remontée grâce aux efforts de conservation.
Cependant, les scientifiques mettent en garde : leur retour ne doit pas être pris à la légère. Les dérangements causés par la curiosité humaine — promeneurs trop proches, drones, chiens non tenus en laisse — peuvent avoir de lourdes conséquences.
« Quand un phoque se sent menacé, il retourne précipitamment à la mer et risque de se blesser »,
rappelle l’association Picardie Nature dans un communiqué.
« Il faut les observer à distance, avec des jumelles si possible. »
Une cohabitation à préserver
Les habitants du Pas-de-Calais se disent ravis de cette visite inattendue, mais conscients qu’il faut agir avec respect. De nombreux riverains se sont mobilisés pour prévenir les curieux de ne pas approcher les animaux.
Les communes concernées envisagent d’installer prochainement des panneaux d’information sur la faune marine locale et les règles à suivre en cas d’observation. L’objectif : sensibiliser les visiteurs sans décourager la découverte.
Quelques consignes simples pour observer sans déranger :
- Garder au moins 100 mètres de distance.
- Ne pas crier, ni siffler, ni faire de gestes brusques.
- Tenir les chiens en laisse.
- Ne pas tenter de les nourrir : ils se débrouillent parfaitement seuls.
Des témoins émerveillés
Pour les habitants, cette rencontre restera dans les mémoires.
« C’était magique, on avait l’impression d’être au bout du monde »,
raconte Lucas, un photographe amateur.
« Voir ces animaux ici, c’est un signe que la nature reprend un peu ses droits. »
Les images ont d’ailleurs été relayées par plusieurs associations et même par l’office du tourisme local, qui espère que ces apparitions contribueront à attirer un tourisme responsable, centré sur la découverte de la faune sauvage.
Le symbole d’un littoral vivant
Cette observation exceptionnelle rappelle que le littoral du Pas-de-Calais, souvent méconnu, abrite une biodiversité riche et fragile. Des colonies d’oiseaux marins, des bancs de poissons migrateurs et désormais des phoques trouvent refuge dans ses eaux.
Les scientifiques y voient un signal encourageant : la qualité de l’eau et la gestion des zones protégées semblent porter leurs fruits. Mais la vigilance reste de mise face au dérèglement climatique et à la pression touristique croissante.
« Les phoques sont un peu les ambassadeurs de notre mer »,
conclut le biologiste Éric Lesage.
« Leur présence nous rappelle que la nature revient quand on lui en laisse la chance. »
