Le deuxième album de Joshua Espinoza, « Songs From Yesterday », apparaît comme un reflet sonore poignant du parcours de sa vie et des influences musicales qui l’ont façonné. Suite au succès de son single « And So It Goes » de 2022, qui s’est hissé dans le top 40 du Spotify Global Jazz Charts, cet album captivant en trio avec piano, dont la sortie est prévue vendredi prochain, présente une riche tapisserie de composition et d’expression.
La genèse de cet album remonte aux premiers jours de la pandémie, une période qui a donné à Espinoza l’espace pour contempler sa vie, se plongeant dans son enfance complexe et ses premiers souvenirs musicaux. Comme il l’explique, cet album est le point culminant d’années passées en introspection, en naviguant dans les différents paysages émotionnels de la croissance et en reconnaissant la profonde capacité de la musique à guérir et à rajeunir.
L’identité musicale d’Espinoza est une fusion de traditions américaines comme le jazz, le folk et le blues, entrecoupées d’impressionnisme classique et de musique de chambre. Des artistes tels que Chick Corea, Shai Maestro et Maurice Ravel l’ont considérablement influencé, contribuant à un univers sonore unique, distinctement le sien. Le trio explore de manière complexe un ensemble caractérisé par des harmonies engageantes et des contours dynamiques, embrassant l’essence des ensembles de chambre et des trios de jazz.
L’album se déroule avec cinq compositions originales et interprétations inventives de classiques des auteurs-compositeurs préférés d’Espinoza, dont Lennon/McCartney, Billy Joel et Leonard Cohen. Des chansons comme « Appalachian Wanderer » et l’interprétation de « Hallelujah » de Leonard Cohen résonnent toutes deux avec des racines folkloriques.
L’ouverture du set est ouverte par la composition enchanteresse d’Espinoza « Adrift », une rêverie musicale qui flotte doucement, capturant un sentiment de repos profond. La nature délicate et chantante de cette pièce invite les auditeurs dans un espace tranquille, évoquant le sentiment d’être à la dérive dans un océan serein de mélodies. La grande capacité d’Espinoza à créer une composition qui dresse un portrait apaisant est évidente, ouvrant la voie à l’exploration qui suit.
Après « Adrift », l’album se déroule avec « Appalachian Wanderer », une composition en 3/4 qui prend un caractère sensiblement différent. Cette pièce dégage un sentiment d’urgence, immédiatement perceptible par son exposition mélodique audacieuse et sa vigueur rythmique. L’urgence de la composition s’apparente à la traversée du paysage des Appalaches, à un rythme qui reflète le voyage agité du vagabond à travers le terrain. Le contraste entre le morceau d’ouverture et « Appalachian Wanderer » met en valeur la capacité d’Espinoza à encapsuler diverses émotions dans sa vision musicale.
Le troisième morceau de l’album intitulé « Happy Song », apporté par le bassiste Kris Monson, émerge, conservant une essence folklorique. Malgré l’apparence de simplicité, se cache une couche cachée de complexité rythmique, soigneusement dissimulée sous la façade joyeuse. Cette complexité maintient l’auditeur engagé, permettant une délicieuse découverte des motifs rythmiques complexes de la composition.
Plongeant dans l’exploration d’Espinoza des œuvres d’auteurs-compositeurs de renom, l’album présente une interprétation du classique de Lennon et McCartney « Yesterday ». Espinoza insuffle à cette pièce intemporelle un traitement émouvant, fusionnant habilement des éléments pop avec une saveur Americana. Le résultat est une interprétation qui rend hommage à l’original tout en le présentant sous un angle influencé par le jazz. La prochaine chanson à sortir du rang est la composition d’Espinoza, « Michoacán ». À la première écoute, ce morceau m’a rappelé les trios emblématiques d’Ahmed Jamal de la fin des années 60, cependant, Espinoza insuffle ici un langage harmonique moderne lui donnant une touche contemporaine.
Une autre interprétation captivante d’une composition de Lennon et McCartney, « Eleanor Rigby », se déroule avec une urgence rythmique substantielle. Les premières mesures du solo de piano enchantent avec un son presque pizzicato, ajoutant une couche d’intrigue au morceau. L’interprétation d’Espinoza insuffle un sentiment d’urgence et d’intensité au morceau, renforçant son impact émotionnel. Cette interprétation se démarque comme un point culminant de l’album, mettant en valeur la maîtrise d’Espinoza sur son métier et sa capacité à insuffler une nouvelle vitalité à une composition familière. L’album culmine avec l’avant-dernier morceau « Don’t Fan The Flame », une démonstration magistrale de la virtuosité up-tempo d’Espinoza avant de clôturer le set avec « Hallelujah » de Leonard Cohen.
Au-delà de la démonstration de sa virtuosité musicale, Espinoza est animé par la vision d’élargir le public du jazz, en s’adressant à tous ceux qui souhaitent embrasser les sons divers et enrichissants de ce genre. « Songs From Yesterday » est une invitation à plonger dans la beauté et la complexité du trio avec piano de jazz, et c’est dans cette invitation que réside son charme et son attrait. Fortement recommandé, cet album témoigne du talent artistique et de l’innovation qu’Espinoza apporte à l’art du trio avec piano.
S’aligner:
Josué Espinoza, piano | Kris Monson, contrebasse | Jaron Lamar Davis, batterie
Liste des pistes :
1. À la dérive | 2. Vagabond des Appalaches | 3. Chanson heureuse | 4. Hier | 5. Michoacán | 6. Eléonore Rigby | 7. Et ainsi de suite | 8. N’attisez pas la flamme | 9. Alléluia
Date de sortie : 29 septembre 2023
Format : CD | Streaming
Étiquette : Sortie indépendante