Hors Serie Ballade en Irlande

Cet épisode est un nouvel Hors-Série, une ballade (oui, avec deux « L » lorsque l’on parle du genre musical) en Irlande. Je suis parti parcourir ces petites routes vallonnées, ces pubs, ces falaises et ces grandes étendues vertes. Là-bas, j’ai tendu l’oreille et mon enregistreur pour vous raconter l’Irlande en musique.

L’Irlande a une identité musicale très forte, mais elle est aussi très éloignée du Jazz. Il y a bien quelques groupes de Jazz celtique, mais ils sont assez rares… Tout ça pour dire que la programmation de cet épisode pourrait vous surprendre. Il est Hors-Série car il laisse entrer toutes les influences et les sensibilités musicales qu’il m’a été donné de croiser durant mon séjour là-bas.

Cet épisode est un nouvel Hors-Série, une ballade (oui, avec deux « L » lorsque l’on parle du genre musical) en Irlande. Je suis parti parcourir ces petites routes vallonnées, ces pubs, ces falaises et ces grandes étendues vertes. Là-bas, j’ai tendu l’oreille et mon enregistreur pour vous raconter l’Irlande en musique.L’Irlande a une identité musicale très forte, mais elle est aussi très éloignée du Jazz. Il y a bien quelques groupes de Jazz celtique, mais ils sont assez rares… Tout ça pour dire que la programmation de cet épisode pourrait vous surprendre. Il est Hors-Série car il laisse entrer toutes les influences et les sensibilités musicales qu’il m’a été donné de croiser durant mon séjour là-bas

La playlist de l’emission

  1. Steve Earl – Galway Girl (Transcendental Blues, 2000)
  2. Damien Rice – Delicate – Live in Dublin, B-Sides (2004)
  3. Glen Hansard & Markéta Irglová – Falling Slowly (Music From The Motion Picture Once, 2006)
  4. John Coltrane – Greensleeves (Single Version), The Classic Quartet, Complete Impulse!
  5. Bill Evans – Danny Boy (Easy To Love, 1981)
  6. Quincy Jones (feat. Bono, Stevie Wonder & Ray Charles) – Let The Good Times Roll (Q’s Jook Joint, 1995)

Ecoutez la playlist complète de l’épisode et des versions bonus depuis n’importe quelle plateforme de streaming :

Retranscription de l’episode 19 : Ballade en Irlande

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans cet épisode n°19 de Version Standard, un épisode hors-série. Je vous propose aujourd’hui de vous envoler pour l’Irlande et de parcourir ses petites routes, ses pubs, ses falaises et ses grandes étendues vertes. J’en reviens tout juste et j’avais pris avec moi de quoi enregistrer pour pouvoir vous faire à mon retour cet épisode. Je vous emmène donc pour une ballade en Irlande. Et que ce soit par ces paysages ou par sa très forte identité musicale, vous allez forcément être… dépaysés.

*Dropkick Murphys – The Rocky Road To Dublin (Sing Loud, Sing Proud, 2001)*

Notre voyage commence à Dublin. Très tôt le soir, ses rues s’animent et on commence à entendre de la musique celtique un peu partout, surtout du côté du quartier de Temple Bar situé en plein cœur de la ville et connu pour sa vie nocturne.

Je préfère vous prévenir dès le départ, dans cet épisode on ne va pas beaucoup parler de Jazz. Je pourrais faire quelques liens un peu capillotractés entre le Jazz et la musique irlandaise, mais ils sont assez rares. C’est bien pour ça que cet épisode est un Hors-Série. On aura quand même l’occasion d’écouter du Jazz un peu plus tard mais en attendant, suivez-moi, on va aller de ce côté, cette chanson me dit quelque chose…

*Galway Girl dans Oliver St John Gogarty’s Pub*

Cette chanson s’appelle Galway Girl, c’est l’une des plus populaires ici en Irlande. Son compositeur y raconte son amour pour une femme de la belle ville de Galway, située sur la côte ouest de l’île.

  1. Steve Earl – Galway Girl (Transcendental Blues, 2000)

En attendant de découvrir le reste du pays, continuons de nous balader dans Temple Bar. La plupart des rues sont piétonnes presque chaque immeuble abrite un pub. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les tailles mais partout où l’on entre, la Guinness coule à flot et des musiciens font danser les fêtards. A une ou deux voix, ils donnent tous ce qu’ils ont pour interpréter des monuments de la culture irlandaise… Beaucoup de jeunes talents ont commencé comme ça, en chantant dans des bars. C’est le cas d’un certain Ed Sheeran, qui dit avoir le cœur anglais mais du sang irlandais. D’ailleurs, si Ed Sheeran a travaillé aussi dur pour devenir la star internationale qu’il est aujourd’hui, c’est parce qu’un soir, il a poussé la porte d’un pub à Dublin et qu’il y a rencontré son idole : Damien Rice. Il y a quelques années, on pouvait l’entendre tester ses nouvelles compositions dans des petites salles :

  1. Damien Rice – Delicate – Live in Dublin, B-Sides (2004)

Retour au présent, allons écouter ce qu’il se passe ailleurs… Nous voilà devant le bar le plus connu du quartier, Temple Bar lui-même… Il est immense, c’est presque impossible de se frayer un chemin jusqu’à la scène mais écoutez, je suis sûr que vous allez reconnaître…

*Zombie dans Temple Bar*

Difficile d’échapper aux Cranberries, peut-être l’un des groupes irlandais les plus connus au monde. Leur chanteuse, Dolores O’Riordan, est décédée il y a quelques mois à peine, et l’hommage perdure encore ici. Cette chanson, Zombie, était un hommage à deux jeunes garçons décédés lors d’attentats commis par des nationalistes irlandais qui se battaient pour l’indépendance de l’Irlande du Nord. Et là, on se rend compte que simplement en poussant la porte de ce bar, on plonge dans les tensions et les paradoxes de ce pays, terre déchirée par des années de guerres religieuses, de famine et de batailles pour l’indépendance. Autre paradoxe, Dolores s’exprimait vigoureusement contre l’avortement, comme autrefois une majorité de ce pays très catholique. Et elle est décédée seulement quelques mois avant que plus de 66% d’irlandais votent par référendum la libéralisation de l’avortement. Ce jour-là, le 25 mai 2018, dans la cour de Dublin Castle, les femmes chantaient leur propre version du classique de Tracy Chapman : Talkin’ about a revolution

* »Talking about a referendum » a Dublin Castle*

Pour compléter ce parcours de Dublin en musique, j’ai envie de vous parler d’un film qui est un portrait très fidèle et sincère de la capitale. Il a été réalisé en 2006 par John Carney, ancien bassiste d’un groupe très connu en Irlande : The Frames. Il raconte l’histoire d’un chanteur qui tente de se faire connaître. Cillian Murphy était pressenti pour le rôle principal, mais il est finalement interprété par Glen Hansard, le chanteur de The Frames. Ce premier film a été réalisé avec très peu de budget, tourné dans des conditions réelles dans des rues de la ville, notamment une scène mythique où Glen Hansard s’époumone dans la rue à 4h du matin. Tourné avec une grande simplicité et une honnêteté rafraîchissante, le film a eu un succès inattendu. Ses lieux de tournage sont très fréquentés par les fans, y compris le fameux magasin de musique dans lequel Glen Hansard, accompagné de son binôme Markéta Irglová, chantent tous les deux LA chanson du film. Il paraît que dorénavant, si vous êtes surpris à reprendre cette chanson sur le piano au fond du magasin, vous êtes mis dehors. Pour ma part, je ne me lasse pas de ce morceau : il s’appelle Falling Slowly.

  1. Glen Hansard & Markéta Irglová – Falling Slowly (Music From The Motion Picture Once, 2006)

Il est temps de prendre la route et de s’enfoncer dans la campagne irlandaise. Très vite, on atteint la route côtière au bord de l’Irlande du Nord. Tout le long de l’Antrim Coast Road, on est tout de suite plongés dans les fameux paysages irlandais, entre mer et montagne. Sous un grand ciel bleu, direction l’un des sites les plus emblématiques de l’île : la Chaussée des Géants. Au bord de la mer, un spectacle géologique incroyable a été sculpté par les vagues et le vent pendant des milliers d’années. Sur les falaises se sont dessinées des colonnes de pierre aux formes incroyables. Le décor inspire des légendes qui racontent qu’un géant avait élu domicile sur ses falaises, et que cette avancée de pierre serait un chemin qu’il aurait construit pour se rendre en Ecosse. A un endroit, certains devinent dans les gigantesques colonnes de granit l’orgue du géant Fionn mac Cumhaill.

Reprenons la route. Pour la playlist, j’avais préparé de quoi se mettre dans l’ambiance du pays. Et en jazz, j’étais persuadé qu’il existait un standard qui venait d’Irlande : Greensleeves. Je pensais même y consacrer cet épisode. Mais en faisant des recherches je me suis vite rendu compte que contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, Greensleeves n’est absolument pas une chanson irlandaise. On raconte aussi qu’elle a été composée par Henri VIII pour sa future épouse Anne d’Angleterre, ce qui est tout aussi faux. C’est en réalité une chanson folklorique anglaise apparue au Moyen-Age, et elle est devenue un standard de Jazz grâce à John Coltrane, qui en a enregistré plusieurs versions. Tout comme avec My Favorite Things, il s’empare d’une douce mélodie pour la transcender en Jazz en fusion. Ce n’est donc pas une chanson irlandaise que nous allons désormais écouter, mais une chanson folklorique anglaise, de toute façon, nous sommes encore en terres britanniques, le temps de repasser la frontière et de continuer notre voyage.

  1. John Coltrane – Greensleeves (Single Version), The Classic Quartet, Complete Impulse!

Après l’effervescence dublinoise, ça fait du bien de se perdre un peu dans la campagne irlandaise. Au nord-ouest du pays, vous trouverez un endroit rêvé pour apprécier le calme : le parc national de Glenveagh. Complètement désert, il n’est traversé que par une seule route. On peut s’y arrêter, marcher quelques kilomètres sans croiser personne et espérer apercevoir des cerfs en liberté.

Si l’Irlande apparaît aussi déserte parfois, c’est aussi parce qu’elle a subi un choc démographique d’une violence inouïe lors de la grande famine du 19ème siècle. Elle a entraîné la mort de près d’un million de personnes et le départ à l’étranger d’une bonne moitié de la population irlandaise. Encore aujourd’hui, le pays compte deux fois moins d’habitants qu’auparavant. Il y a même presque autant de moutons que d’Irlandais en Irlande.

Ce déchirement du pays a créé un autre paradoxe: de cette tragédie émerge une formidable diaspora irlandaise dans le monde entier. Ce ne sont pas des étrangers mais pas tout à fait des irlandais non plus… Une belle ballade irlandaise exprime toutes ces douleurs à la fois : le départ, le manque de l’être aimé ou le mal du pays : on peut interpréter comme on veut Danny Boy, une chanson écrite au début du 20ème siècle. Elle est ici interprétée en toute humilité par Bill Evans :

  1. Bill Evans – Danny Boy (Easy To Love, 1981)

C’est déjà la fin de l’épisode. Version Standard reprendra son rythme normal à la rentrée avec de nouveaux épisodes sur de nouveaux standards. Pour vous tenir au courant de l’arrivée de la suite, vous pouvez vous abonner aux réseaux sociaux de Version Standard ou vous inscrire à la newsletter sur VersionStandard.fr. Vous pouvez aussi aller déposer 5 étoiles sur iTunes si vous écoutez le podcast depuis un appareil Apple.

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Avant d’en rester là pour cet été, j’ai voulu terminer sur une note musicale plus joyeuse, et pour ça j’ai fouillé dans la discographie de Bono, le leader de U2. Evidemment, un groupe de rock irlandais incontournable dont les membres se sont rencontrés à Dublin. Ils ont d’ailleurs été faits citoyens d’honneur de la ville de Dublin en 2000. Et ce titre honorifique donne entre autre le droit de faire paître ces moutons partout où on veut dans la capitale, y compris dans St Stephen’s Green, le plus beau parc de la ville. Le jour-même, les membres de U2 ont alors emmené deux moutons dans le parc, parce qu’ils avaient le droit.

Bref j’ai parcouru la liste interminable de featurings réalisés par Bono et je suis tombé sur un album de Quincy Jones de 1995. Sur ce morceau, il fait collaborer Bono et Stevie Wonder pour enregistrer une chanson de Ray Charles… avec Ray Charles. Bref une équipe 5 étoiles pour terminer la saison dans la bonne humeur : Let The Good Times Roll !

Merci d’avoir écouté Version Standard, je vous souhaite de passer une belle fin d’été. Je vous retrouve au prochain épisode, à très bientôt !

  1. Quincy Jones (feat. Bono, Stevie Wonder & Ray Charles) – Let The Good Times Roll (Q’s Jook Joint, 1995)

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