Album inedit de John Coltrane : une decouverte majeure

Album inedit de John Coltrane : une decouverte majeure

Alors que l’on commémorait en 2017 les 50 ans de la disparition de John Coltrane, voilà que l’icône du Jazz redescend parmi les vivants avec un album inédit. Oui, en 2018, nous allons pouvoir nous poser cette question incroyable : « Tu as écouté le dernier John Coltrane ? »

Sonny Rollins, légende vivante du saxophone, a déclaré que cette découverte de cet album perdu était similaire à celle d’une nouvelle chambre dans une pyramide. L’image est très juste de par sa dimension mystique. John Coltrane est une icône et une immense influence dans l’Histoire de la musique. Son image, sa force tranquille, sa quête spirituelle et artistique inspirent des légendes encore aujourd’hui. Pour les amateurs de Jazz, la découverte d’un album de Trane qui a été oublié pendant 45 ans, c’est Noël et la fête de la musique le même jour.

Un album posthume bien vivant

John Coltrane n’a pas encore une discographie post-mortem aussi fournie que d’autres légendes de la musique. Il n’a pas eu la chance de Michael Jackson d’avoir ses bandes étirées, éditées, remplacées voire réenregistrées pour donner du grain à moudre à des fans nostalgiques. « The Lost Album » est resté dans un placard pendant 45 ans, oublié par Coltrane lui-même. Pourtant, ces bandes ont été enregistrées au studio de Rudy Van Gelder avec son quartet mythique :  McCoy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la basse et Elvin Jones à la batterie.

En 1963, le quartet est dans une phase sublime de transition : entre la réussite commerciale évidente de « My Favorite Things » de 1961, et l’aboutissement de la quête coltranienne avec « A Love Supreme » en 1964. En mars 1963, le quartet sortait d’un live mythique enregistré au Birdland et repartait en studio avant d’enchaîner sur un autre concert le soir-même, qui oblige d’ailleurs le groupe à écourter la séance. Toutes les conditions étaient réunies pour que « The Lost Album » ne soit pas un fond de tiroir laissé à l’abandon pour de bonnes raisons.

Ecouter dans les deux directions a la fois

Le titre « Both Directions at Once« , est un symbole très fort pour expliciter la recherche permanente d’un des plus grands quartets de l’histoire du Jazz. John Coltrane avait utilisé cette expression en décrivant à Wayne Shorter sa vision de l’improvisation : « commencer une phrase par le milieu, puis aller vers son début et sa fin en même temps ». Difficile à interpréter mais rien d’impossible pour Trane. Ce titre renvoie évidemment à la temporalité perdue du disque, sept morceaux enregistrés dans le passé, tourné vers un futur que l’on connaît déjà.

Car il est sans doute là le principal intérêt de ce disque perdu : c’est de combler un vide dans la chronologie de la démarche musicale du quartet de Coltrane, C’est d’entendre une ferveur qui commence déjà à s’exprimer, de libertés prises sans tout à fait trouver leur aboutissement. La version d’Impressions ne remplacera sans doute pas la version studio de l’album éponyme que Coltrane lui consacrera quelques mois plus tard.

Ecouter « The Lost Album », c’est replonger dans une époque mythique du Jazz, c’est marcher dans les pas de Coltrane et se perdre bien volontairement dans l’intemporalité de sa musique.